Le Monde est à NOUS...

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LA VILLE, DE LA VIE ET DE LA MORT

"Peu d'endroits en Inde sont aussi bigarrés, chaotiques et imprégnés de spiritualité que Varanasi (Bénarès). Si la ville réserve des moments âpres, elle laisse aussi des souvenirs indélébiles.

Appelée au fil des siècles Kashi (cité de la Vie) puis Bénarès, Varanasi est l'une des plus anciennes cités constamment habitées au monde et l'une des 7 villes saintes de l'hindouisme. Les pèlerins viennent sur les ghat qui bordent le Gange pour se laver de leurs péchés ou pour la crémation de leurs proches. Passer ici de vie à trépas permettrait d'atteindre le moksha (libération du cycle des réincarnations), ce qui fait de Varanasi le coeur de l'univers hindou. Cette ville magique, parfois oppressante, voit se côtoyer sur ses célèbres ghat les rituels les plus intimes de la vie et de la mort. La sollicitation constante des rabatteurs peut se révéler exaspérante, mais ne saurait vous détourner de cette cité unique. Une promenade à pied le long des ghat ou en barque sur le fleuve sera une expérience inoubliable.

La vieille ville de Varanasi s'étire sur la rive ouest du Gange et déploie son dédale de ruelles étroites, appelées gali, derrière les ghat. Ce labyrinthe peut dérouter, mais les hôtels et les restaurants sont bien indiqués ; si vous vous perdez, vous aboutirez forcément à un ghat, duquel vous pourrez vous repérer. Il est possible de marcher tout au long des ghat, sauf pendant et juste après la mousson, quand le fleuve est trop haut. 

 

Histoire : 

 

Fondée sans doute vers 1200 av J.-C., Varanasi prit véritablement son essor au VIII ème siècle quand Shankaracharya, un réformateur de l'hindouisme, fit du culte de Shiva le courant principal.  Les Afghans la détruisirent vers 1300, après avoir saccagé Sarnath ; l'empereur moghol Aurangzeb, surpassant ses prédécesseurs, pilla et rasa pratiquement tous les temples. Malgré l'aspect antique de la vieille ville, peu de bâtiments datent de plus de deux siècles."

Lonely Planet


Après 30 minutes de trajet en auto-rickshaw, me voilà à la gare avec mon ticket : est-il valable ou pas ? Comme à chaque fois, mon quai, est à l'opposé de la gare, ce qui veut dire, monter les escaliers traverser et redescendre, avec tout mon packtage... c'est vraiment du sport et je ne suis pas encore, dans le pays des "sherpas" ! Me voilà, dans le train... ouf, je vais pouvoir rejoindre Varanasi. Ce wagon couchette, est un peu différent de celui que j'avais pris la première fois, qui était le LUXE ! Celui-ci, c'est une co-habitation à 6 : 3 couchages, pilées les unes sur les autres, de même en face. La deuxième banquette, se rabat la journée pour faire un dossier... tout est prévu. Je regarde mon numéro, et c'est avec un énorme soulagement, que je constate que mon lit est tout en bas. Je ne sais pas, si j'aurais pu dormir sur celui du haut ?!! Et des barreaux aux fenêtres, pour éviter les vols lors des arrêts dans les différentes gares.


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13 h de train, qui ont passé vite... une bonne nuit de sommeil et une observation à une partie de carte. Je ne sais pas si les 4 gars se connaissaient auparavant, car c'est cela aussi l'Inde, tout le monde se parle. Les 2 hommes, se sont installés en face des 2 autres, tirant un linge en guise de table et c'est parti, pour la distribution du jeu. Ce n'était pas le tarot, ni la belote, car là, j'aurais pu y participer !!!

 

Direction Dasaswamedh Ghat, par la route, car le Gange est encore haut ce qui le rend, impossible de le longer. Une année catastrophique... Lucie, qui vit à Varanasi, m'a dit qu'au mois de juin, dans les montagnes Himalayennes, il a plu plus que de raison : des milliers de morts à Haridwar : une des 9 villes saintes de l'hindouisme, qui se situe à 4 h 30 au nord de Delhi et où le Gange, surgit de l'Himalaya pour couler dans les plaines. Quand toute cette eau est arrivée à Varanasi, fin août, le niveau du fleuve est monté extrêmement haut, au point, qu'elle a dû partir de sa guesthouse habituelle, qui inondait, en bateau. Dans la rue, il y avait environ 1 m 80 d'eau : des gens nageaient et des centaines de personnes ont péri.

Chez nous, le sens de la marche est toujours à l'opposé de la circulation, de manière à "voir le danger", ici, comme dans le reste du pays, c'est l'inverse... tout le monde, marche, dans le sens de la circulation, car tu fais parti de la circulation ! 

Le Gange, un vrai lieu de spectacle... au bord, les pèlerins et riverains s'en sont attribués comme leur lieu de vie spirituelle : bain rituel ; lessive ; distribution d'aumônes pour améliorer le karma ; puja littéralement "respect", offrande ou prière ; ... et de mort : crémations. Mais, le spectacle se passe également sur le Gange, avec nous, les touristes sur ces ribambelles de bateaux, à contempler ce qui nous paraît inouï, nous occidentaux et à sortir les gros "zooms", pour vérifier que nous n'avons pas rêvé.  

"Le Dasaswamedh Ghat : son nom indique que Brahma y sacrifia (medh) dix (das) chevaux (aswa). C'est un endroit fabuleux pour s'imprégner de l'atmosphère et observer la foule. Tous les soirs, une ganga aarti, avec puja, feux de joie et danses, s'y déroule à 19 h."

Lonely Planet

 

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                                                                                           Nettoyage, après les inondations

 

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La corvée de lessive...

 

Je ne vais pas attendre 19 h, car je ne connais pas très bien le chemin, surtout dans les ruelles de la guesthouse, qui sont un vrai labyrinthe et que je ne veux pas rentrer dans le noir, même avec ma lampe torche. La rue principale est très animée, mais difficile pour moi de me repérer, car j'ai l'impression que tout se ressemble : magasins, carrefours,... et donc, je ne sais plus où est l'endroit, où je dois tourner. Je demande ma route, mais évidemment, avec le nombre de "guesthouse" qu'il y a dans la ville, les gens ne la connaissent pas ou me disent tout droit... jusqu'au moment où quelqu'un me donne la bonne direction... ouf ! Enfin, pas encore, il me reste plus qu'à atteindre la guesthouse, par les ruelles non éclairées, en compagnie de ces chiens qui ne me rassurent pas par leurs aboiements. Lampe torche frontale allumée, c'est parti pour y aller d'un bon pas, avec un air très rassuré, qui cache au fond cette peur des chiens ! Ca y est, j'y suis... je vais plutôt profiter de la vie du Gange, à l'aube !

 

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                                                                                                            Les rameurs


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                 Le très jeune barreur

Cette virée matinale, je la partage avec Sivan, une israëlienne de 27 ans, qui vient de finir ses études de cinéma. Elle veut être actrice. Elle voyage, seule, pendant 4 mois en Inde. Durant mon passage dans ce pays, j'ai beaucoup croisé de jeunes israëlien(ne)s... elle me dit, qu'après l'armée (les filles : 2 ans et les garçons : 3 ans dés l'âge de 18-19 ans), beaucoup de jeunes partent histoire de faire un "break", car c'est très difficile, avant de reprendre leurs études ou autres. Le service militaire est obligatoire, sauf pour certain(e)s : question de religion.

 

A la nuit tombée, je pars avec un des employés de la Guesthouse, à "Manikarnika Ghat", le principal ghat de crémation, le plus ancien et le plus sacré de Varanasi. Pour un hindou, le voeu le plus cher est d'être incinéré à Bénarés, où ses cendres seront ensuite versées dans le Gange, fleuve sacré de vie et d'espoir. 

"Se trouvant au centre des "5 lieux saints", Manikarnika Ghat, symbolise la création et la destruction. Ici, les âmes des restes mortels confiés aux flammes avec des prières, reposent dans la paix éternelle, et espèrent ainsi atteindre le nirvana. Pour l'hindou, la mort est vue comme une libération."

Internet

Arrivés au "Manikarnika Ghat", 3 corps sont en train de se consumer et le dernier est en préparation. Des hommes, préparent le bûcher... ce sont ces mêmes personnes, à qui la famille a acheté le bois. Ils empilent le bois, installent le défunt qui est enveloppé d'un sari blanc et qui aura été préalablement baigné dans le fleuve, afin que son corps soit purifié, puis rasé et le recouvrent de bois. Le sari blanc pour les hommes, le rouge pour les femmes et le jaune pour les "vieillards" sans distinction de sexe. Tout le monde ne peut pas être incinéré, les femmes enceintes, les lépreux, les enfants, les animaux, les culs-de-jatte ou les personnes empoisonnées, eux, sont immergés dans le Gange. Ils sont installés sur une barque, enveloppés d'un linceul et rattachés à une pierre pour faire plonger le corps dans les profondeurs du fleuve. Pour les enfants, la raison est qu'ils sont considérés comme des êtres purs et pour les autres, ils craignent qu'en les brûlant, des fumées toxiques se dégagent du corps, contaminant ainsi les gens. Les femmes, n'assistent pas à la crémation, car "elles s'avèrent trop sensibles au spectacle funéraire et ont souvent bien du mal à retenir leurs larmes, ce qui empêche l'âme du défunt de partir en paix". Mais, il y a également une autre raison, le sati : le bûcher pour les veuves. Tradition, qui voulait que la veuve se laisse brûler vive, sur le bûcher de son mari, de façon plus ou moins consentie. Les autorités britanniques, mirent fin à cette "coutume" barbare en 1829. Cela n'empêche, qu'il reste encore quelques cas de sati, qui sont difficiles à prouver, dû à une politique d'omerta.

Il y a environ 200 crémations quotidiennes. Elles ont lieu 24 heures sur 24, avec souvent des cadavres qui attendent leur tour, un véritable travail à la chaîne. Ici, on dit que le feu ne s'est jamais arrêté depuis plusieurs milliers d'années. En général, le corps met aux alentours de 3 h à se consumer entièrement et nécessite, en moyenne 350 kgs de bois. Le bois le plus recherché est le santal, soit 150 roupies (1,80 euro) le kilo. Pour ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir ce bois, ils peuvent opter pour un de classe inférieure, qui est moins cher (5 à 8 roupies : 10 ctes d'euro, le kilo), mais qui se consume mal. A Varanasi, il y a également un crématorium électrique, qui est destiné aux plus pauvres. Le coût est d'environ 1 000 roupies (12 euros), alors que le bûcher est d'environ 900 euros de bois, sans compter le sari et le feu éternel. 

Ce qui est surprenant, c'est que la famille, habillée en tenue de tous les jours et ne manifestant aucun signe de tristesse, une fois le feu mis au bûcher repart. Elle laisse, ainsi, l'homme s'occuper du feu, l'attiser avec une grande canne de bambou, remuer les cendres et les enverra d'un coup de bâton dans le fleuve, puisque l'âme du mort à enfin rejoint le ciel.

L'atmosphère y est très particulière, mais pas du tout choquante, pour nous occidentaux, où le rapport à la mort est totalement différent... un capte très difficile à passer. Mon "guide", me dit que c'est parfois le cas, surtout en ce qui concerne les jeunes. Ce n'est pas morbide, car nous ne voyons pas le corps brûler, puisqu'il est entièrement recouvert de bois. Il n'y a pas d'odeur. Il y règne une ambiance sereine face à la mort, calme et silencieuse. Par contre, le contraste est assez troublant, lorsque, à peine quelques centaines de mètres plus loin, se tiennent un marché, des ghâts grouillants de monde où les gens viennent faire leurs ablutions dans les eaux sacrés, chantent, font leur lessive,... bref, la vie et la mort, dans un même ensemble.

Je n'ai pas pris de photos, tout d'abord, parce que c'est interdit et que j'étais au plus près. J'aurais pu prendre une barque, comme certaines personnes ont fait et sortir le zoom. Mais, la raison principale, c'est que je me suis fixée une limite, jusqu'où notre curiosité, peut-elle aller et surtout se justifier. Dans ce cas précis et en ce qui me concerne, je n'ai rien trouvé, qui pouvait le justifier.

Lors de notre retour, nous croisons un cortège funéraire. Le corps, est attaché sur un brancard en bambou, transporté par 4 personnes.

 

Varanasi-Bénarès, mérite vraiment à ce qu'on s'y arrête beaucoup plus qu'un jour et demi, car c'est vraiment une ville de "folie", dans tous les sens du terme !

 

Ce soir, c'est ma dernière nuit en Inde. Demain, je dormirai au Népal...

 

A très bientôt, dans un autre pays, pour d'autres histoires... Take Care Yourself !

 

 

 

 

 



17/10/2013
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