JODHPUR
LA VILLE BLEUE
"L'imposante citadelle de Mehrangarh qui surplombe majestueusement la cité bleue de Jodhpur est une vision magnifique, doublée d'un chef-d'oeuvre architéctural. En contrebas, la vieille ville, méli-mélo de cubes bleus brahmanes, s'étend sur 10 km entre les remparts du XVIème siècle : La Ville bleue porte bien son surnom. A l'abri de ses murs, un labyrinthe de rues médiévales sinueuses semblent conçues dans le seul but de perdre le visiteur dans des vapeurs d'encens, de roses et d'égouts, parmi des boutiques et des bazars qui vendent tout un tas d'articles, des trompettes et décorations de temples aux tabatières et aux saris. Si, traditionnellement, le bleu désigne la demeure d'un brahmane*, la couleur a été adoptée par tous les habitants de la ville. Outre la lumière mystérieuse qui en émane, le bleu est censé repousser les insectes.
L'actuelle Jodhpur, s'étend désormais bien au-delà des remparts, mais le voyageur gardera en mémoire l'agitation de la vieille ville bleutée et la vision de son fort, magnifique dans sa démesure. Surpeuplée et mouvementé, la cité médiévale est aussi le secteur des restaurants et des commerces, à tel point que tout le monde semble avoir quelque chose à y vendre. Les quartiers de la vieille ville situés à l'ouest, comme Navchokiya, sont aussi pittoresques, mais l'atmosphère y est moins fiévreuse.
Brahmane* : membre d'une des 4 castes, regroupant notamment : les prêtres, les enseignants et les hommes de loi. Plus généralement, un Brahmane est un homme de lettres disposant de connaissances importantes sur le Monde. C'est la caste la plus haute. Il comprend des sous castes.
Histoire :
Chassé de son Kannauj natal, à l'est d'Agra, par des Afghans au service de Muhammad de Ghur, le clan rajput (une caste) des Rathor arriva dans la région de Pali, à 70 km au sud-est de Jodhpur, vers l'an 1200. Il prospéra tant et si bien qu'en 1381, il délogea les Pratihara de Mandore, à 9 km au nord de l'actuelle Jodhpur. En 1459, Rao Jodha, chef des Rathor, décida d'ériger sur une crête rocheuse voisine une énorme forteresse, Mehrangarh, autour de laquelle fut construite Jodhpur, la cité de Jodha.
Située sur la principale route marchande entre Delhi et le Gujarat, Jodhpur tira sa prospérité du commerce de l'opium, du bois de santal, des dattes et du cuivre. Les Rathor contrôlaient un vaste territoire appelé Marwar (le "pays de la mort"), en raison de sa topographie et de son climat hostile. Leur royaume s'étendait jusqu'à la région de l'actuelle frontière indo-pakistanaise, à l'ouest, avec Mewar (Udaipur) au sud, Jaisalmer au nord-ouest, Bikaner au nord et Jaipur et Ajmer à l'est."
Lonely Planet
6 h de bus 4 x 4 pour atteindre Jodhpur (343 km). Ici, on ne parle jamais en kilomètre, mais en temps et l'on comprend vite pourquoi. Mais, je ne pense pas battre le record, que j'ai eu à Madagascar : 10 h pour 100 km . Route, avec d'énorme nids-de-poule et à moitié terminée... et me voilà dans la guest house : "Blue House" (elle porte bien son nom !). Vieille maison bleue, biscornue, tenue par une adorable famille Jaïne (le Jaïnisme, est une religion), dont le patriarche est un sacré "business man". Pour accéder dans "mon chez moi" (4 nuits), il faut "grimper" et c'est le terme adéquate lorsque l'on voit la hauteur des marches, jusqu'à l'avant dernier étage... ensuite, traverser une passerelle, où il y a un contrebas d'environ 10 mètres de vide, au moins, si ce n'est pas 15 ! J'ai un tout petit peu de mal, à évaluer les distances. Je vais peut-être, enfin, vaincre ce vertige.
La Maison Bleue La passerelle vertigineuse...
Effrayante cette passerelle, n'est-ce pas ? Le mois prochain, c'est décidé, j'attaque l'ascension de l'Annapurna, par la face Sud...
Et une vue magnifique, de la chambre et terrasse, sur le Mehrangarh, notamment le soir, lorsqu'il est tout illuminé.
Un petit "chai" (thé indien : délicieux), avec le patriarche et direction la visite de la forteresse, vers 10 h... Mais même à cette heure là, c'est difficile, car la température est déjà élevée : 32° C à l'ombre et l'air est humide. Et oui, je suis équipée d'un thermomètre, petit cadeau offert par ACDJ (Alix, Capucine, Delphine et Jérôme). Très utile, car en plus il fait sifflet, au cas où l'on m'enquiquinerait de trop et par contre, la troisième fonction, je ne comprends pas la raison : une boussole !?? Tout le monde connait mon sens inné, de l'orientation !
"Le Mehrangarh, forteresse imprenable érigée à la verticale d'un piton rocheux qui s'élève à 120 mètres au-dessus des toits de Jodhpur." (Lonely Planet)
"Mehrangarh est un prodige architectural. Entouré de remparts mesurant entre 6 et 36 mètres de hauteur, le fort fut directement taillé dans la roche, avec laquelle il ne fait qu'un." (Lonely Planet)
Pas de guides, qui nous attendent à l'entrée ?!? Bon, je vais opter pour l'audioguide en français, je vais attendre encore un peu pour l'anglais. Et là, je n'ai même pas terminer de m'équiper, que 3 femmes viennent vers moi, accompagnées sûrement de leur mari, et me demandent une photo avec elles. Vêtue de mon t-shirt des "Ginettes", je commence à croire qu'il a des vertus. D'accord, à condition que l'on en prenne une aussi, avec mon appareil (moins souriantes, sur la mienne !).
Mes nouvelles "Ginettes" Indiennes
A peine, les ai-je quittées, que je vois d'autres occidentaux se faire prendre en photo, avec des Indiens, Indiennes, la famille,... En fait, le t-shirt n'a aucun pouvoir, c'est juste que cela doit être bien, d'avoir des touristes dans son album photos !
Ou alors, ils veulent que je les prenne rien qu'eux et cela, a duré une bonne partie de la visite.
Même si l'éclairage n'est pas bon, il faut absolument poser pour la touriste !
"Propriété des descendants du maharaja de Jodhpur, Mehrangarh est imprégné d'histoires et de légendes.
Jaipol fut bâtie par le maharaja Man Singh en 1808, suite à sa victoire sur l'armée de Jaipur.
Dodh Kangra Pol (XVIème siècle), porte extérieure du fort avant la construction de Jaipol, qui porte encore les traces des boulets de canon de 1808." (Lonely Planet)
"Le Jaswant Thada, dédié au maharaja Jaswant Singh II, ce mémorial de marbre blanc déploie une étonnante succession de dômes au-dessus d'un petit lac, prés de Mehrangarh. La sérénité du site contraste avec l'agitation de la ville. Construit en 1899, le cénotaphe possède de splendides jali (cloisons de marbre treillisssés) et est orné de portraits de chefs Rathor datant du XIIIème siècle." (Lonely Planet)
Petit tour à pieds, dans les ruelles de Jodhpur, pour aller voir "la tour de l'Horloge" et ses marchés. C'est à peine, à 10 minutes de l'hôtel... L'ambiance est totalement différente, d'Udaipur. Il y a toujours le "Hello", "How are you", "which country ?", mais personne pour t'accoster, sauf les chauffeurs d'auto-rickshaws, pour te faire visiter la ville. Je me sens plus tranquille, même si il y a toujours cette sensation d'oppression, mais pas de danger. Les rues sont une déchetterie, ce qui permet aux personnes les plus démunies et les animaux de manger et la pauvreté est plus visible.
C'est au détour d'une rue, que je me retrouve nez à nez, avec un personnage, qui n'avait pas encore fait son apparation. Je pensais bien en voir, mais dans le désert, pas dans une rue de la 2ème ville du Rajasthan... et oui, l'Inde, regorge de surprise !
"La tour de l'Horloge centenaire, point de repère de la vieille ville, est entourée par le Sardar Market, un marché vibrant de couleurs, de mouvements et de sons." (Lonely Planet)
10 minutes pour venir, 50 minutes pour rentrer... Oups, je crois que j'ai dû me tromper de chemin. Cela doit être la fatigue qui m'atteint, car je ne vois rien d'autre qui peut justifier un tel écart. Evidemment, je demande mon chemin mainte et mainte fois, et à chaque fois, une direction m'est donnée, mais pas la bonne ! Bah oui, ce serait trop simple... Je suis sûre, qu'ils ne savent pas où est "the Blue House", qu'ils ne savent même pas ce que c'est, mais il faut quand même qu'ils donnent une réponse, pfffffffffff ! C'est un apprentissage, de la vie Indienne.
"Le Palais D'Umaid Bhawan, érigé sur une colline, fut bâti en grès de Chittar, ce qui lui vaut parfois le nom de Palais de Chittar." (Lonely Planet)
"Erigé à partir de 1929, l'édifice de 365 salles fut conçu par l'architecte britannique Henry Lanchester pour le maharaja Umaid Singh. Il fallut 3 000 ouvriers, 15 ans et quelques 11 millions de roupies pour le terminer. Construit sans mortier, le bâtiment a nécessité pour son aménagement intérieur 100 wagons de marbre de Makrana et de teck birman. Le luxueux projet royal avait, semble-t'il, un dessein philanthropique : fournir du travail pendant une période de terrible sécheresse." (Lonely Planet)
Le Musée La maquette du Palais d'Umaid Bhawan
"Le descendant du maharaja, Gaj Singh II (connu sous le nom de Bapji), vit toujours dans une partie de bâtiment : le reste a été transformé en hôtel de luxe." (Lonely Planet)
C'est bizarre, je ne vois aucun auto-rickshaw dans le parking !?! Pourtant, eux qui sont partout... à moins, que ce soient les nouveaux modèles, trop cooooool !
"Mandore, ancienne capitale du Marwar, jusqu'à la fondation de Jodhpur. Peu de vestiges témoignent de sa puissance passée, mais les jardins de Mandore, agrémentés de monuments et d'un musée, constituent une agréable excursion." (Lonely Planet)
Le musée de Mandore, ancienne capitale du Rajasthan... et son jardin
Rendez-vous à 8 h avec un guide, pour visiter pendant 4 heures les villages du sud, dans les familles artisanales, dans la communauté des bishnoïs et avec un petit safari. Arrivée juste à l'heure, le patriarche m'invite à prendre le tchaï : c'est parti pour un thé ! 8 h 15, toujours personne... "no problem", il appelle la compagnie du guide, qui lui dit qu'il va arriver vers 8 h 30. Et bien, nous allons attaquer un autre tchaï, puis un troisième et pour le quatrième je décline, je n'en peux plus... 9 h 20, le voilà qui arrive, en s'excusant : "petit problème"... ah bon ?! Je croyais que j'étais dans le pays des "no problem". Je pense surtout, qu'il y a une heure française et une heure indienne, qui n'est absolument pas la même... ou il a vraiment eu un petit souci, car à chaque fois que je prends les transports (train ou bus, tôt le matin), ils partent toujours à l'heure. Affaire à suivre...
Mr Sink et sa belle moustache, qu'il veut parfaite...
à la Hercule Poirot !
C'est bizarre, c'est le premier chauffeur qui ne klaxonne pas !? Soudain, je repense à la phrase que m'avait dit Saju : "un Indien, qui ne klaxonne pas, c'est soit parce qu'il dort, soit parce qu'il est mort !". Je le regarde de plus près, il cligne bien les yeux et il respire, ouuuuf ! C'est juste, qu'il a oublié de mentionner, une troisième option, c'est que tout simplement il ne fonctionne plus. Ce bruit à longueur de temps me saoûle, mais il faut avouer, que lorsqu'il ne marche pas c'est un peu stressant, car personne ne vous entend et donc, ne vous voit arriver...
Arrêt chez un artisan potier, où je m'essaie à cette pratique...
Après quelques conseils et du temps Le résultat final...
Eh oui, je crois que je me suis trouvée une nouvelle vocation ! En arrivant en France, je vais investir dans un atelier et ouvrir mon magasin... je vous ferai des prix, le tarif ami(e)s-famille : + 10% ! Bon d'accord, j'ai peut-être un peu exagéré, sur le résultat final, ce n'est pas le mien, mais celui de l'artiste !
Quand je regarde mon travail et celui de l'artiste, je me dis qu'il n'y a pas une si grande différence que cela ! Mais, je crois qu'il serait plus sage, que j'attende un peu, avant de créer mon entreprise, car à ce niveau là, j'aurais une concurrence féroce avec les élèves de maternelle. Désolée les Ginettes, mes collègues, mes patrons, pour cette fausse joie... mais vous allez devoir me supporter encore longtemps, car je garde mon travail.
Arrêt à une ferme coopérative, où l'homme met son turban blanc (couleur de la communauté bishnoïe) et l'enlèvera, une fois que nous serons partis. C'est une forme de respect vis à vis des invités. Les Bishnoïs, sont une communauté rurale, toutes castes confondues. En dialecte Hindi, bish : vingt et noï : neuf, les 29 principes qui leurs sont dictés.
concoction de leur potion, à base d'opium
C'est pendant qu'il prépare sa potion, que Mr Sink, mon guide, m'explique un peu ce qu'est un Bishnoï. Il se caractérise comme végétarien, respect strict de toute forme de vie (non-violence) et dont la vie animale est sacrée ; écologiste, ce sont les rares Hindoues qui enterrent leurs morts, du fait du bois qu'il faudrait couper lors de la crémation ; ...
Une fois son rituel terminé, il trempe son doigt dedans et en jette quelques gouttes en disant quelques mots : une offrande à ses croyances, et c'est avalé.
Puis, il prépare un autre turban, coloré celui-ci. Il m'intime, si je veux bien, de le mettre... Pas de problème, car comme je me tue à vous le dire, à chacun de mes anniversaires, lui l'a compris d'un seul regard. C'est le turban de la jeunesse !
Je sais, vous devez penser, qu'il ne sait pas trop ce qu'il fait, car il vient juste de boire de l'opium (c'est de la merde...). C'est vrai, mais sa potion n'a pas encore eu le temps de faire effet, il a vu juste, c'est tout !
C'est en allant dans un autre village, celui de la confection du patchwork, que le safari commence. J'arme mon appareil photos, vise et clique. Mr Sink, coupe le moteur de la jeep, pour ne pas les effrayer et je ré-arme,... nous avons de la chance me dit-il, car avec cette chaleur, c'est très rare de les croiser. Mais, je dois signaler avant tout, que le safari Indien, enfin celui-là, est un peu différent du safari Africain, de Tanzanie par exemple. Enfin, je pense car je ne connais pas ce dernier, mais pour avoir vu des reportages, il y a une infime différence, à mon goût.
Un lézard géant Une Chinkara (gazelle)
Nous aurions pu voir des renards du Bengale. Peut-être qu'ils étaient là, mais nous ne les avons pas vus. Ca y est, j'ai fait mon premier safari !
Une famille de confectionneur de patchwork
En général, ils travaillent par deux, l'un en face de l'autre. Ils utilisent plusieurs matières, le coton, l'angora,... et même du poil de dromadaire...
Et je vais terminer, ma visite, par une usine de textile.
Le vendeur est super gentil, car il veut tout me montrer, évidemment pour que j'achète, mais je lui dis que ce n'est pas la peine, car je n'ai pas de place dans mon sac à dos... "No problem" (c'est vrai, j'avais oublié cette phrase !), car ils exportent beaucoup, mais je lui fais comprendre que non, cela ne m'intéresse pas et il n'insiste pas. Au contraire, il m'offre un coca et par contre, veut absolument, que j'essaie une de ses tenues, le sari... pourquoi pas, je suis mariée maintenant !
Ca y est, cela va devenir ma tenue de tous les jours. Mais, j'éviterais de mettre le t-shirt de sport en-dessous. Très bon photographe, car il l'a bien cadrée, on ne voit pas mes running rouges...
Voilà, comment les 4 h ont passé très vite. Mr Sink, me dépose à "la tour de l'horloge", car il ne peut pas aller avec sa jeep, près de mon hôtel, à cause de la circulation et de l'étroitesse des rues. Mais je lui explique que c'est difficile pour moi, car la dernière fois j'ai mis 50 minutes pour rentrer. Il me dit que c'est très simple et que dans 5 minutes à pieds, je serai arrivée... ouai, ouai, ça se voit qu'il ne me connait pas ! Il faut filer, jusqu'au moment où je verrai la pancarte de ma "guest house", je tournerai à gauche... Un grand merci pour la visite, c'était un super guide, un au revoir et me voilà, 5 minutes après, chez mon chez moi du moment...
Avant de gravir mon Annapurna de Jodhpur, je partage un petit chaï avec le patriarche... je ne sais pas ce qu'il fait de ses journées ?!! Je pars le matin, il est là sur sa banquette à regarder la télévision, à manger, répondre aux téléphones (2 fixes et 1 portable) ou à attendre. Je repasse à n'importe quel moment de la journée, toujours au même endroit !?!
Il s'enquiert toujours de savoir, si ce que j'ai vu est : "very nice place" (magnifique endroit)... ce n'est pas le seul, tous les indiens posent la question ou font directement l'affirmation, car je pense, qu'ils sont très fiers de leur pays et que c'est important pour eux, de le montrer.
Il veut voir mes photos, mais surtout, que je pose avec lui et c'est reparti pour une ribambelle de poses...
Avant de se quitter, pour d'autres aventures, je tenais à vous tenir au courant, de l'affaire Frédéric Lopez. Je sais que beaucoup d'entre vous, m'ont prise pour une mythomane, mais regardez ci-dessous :
Sur la première photo, c'est le moment où il m'envoie un message, pour me demander où je suis...
Sur la deuxième photo, il lit ma réponse et il a du mal à en croire ses yeux...
Problème de compréhension avant le départ, je suis à l'aéroport de Nantes et lui, à l'aéroport Paris Charles de Gaulle ! Snif, ce sera pour une prochaine fois.
Merci à toi, Pérou Pérou (Gwen), de m'avoir envoyer les photos, et donc d'apporter la preuve, que j'avais vraiment "rendez-vous en terres inconnues", avec Frédéric Lopez...
A très bientôt, dans une autre ville, pour d'autres histoires... Take care yourself !